Le ministère de la santé s'apprête à émettre une circulaire pour contrôler et rationaliser les produits anesthésiques afin de barrer la route aux faux professionnels en particulier "les charlatans dentistes".
En effet dans ce projet, les pharmaciens sont tenus à ne délivrer les produits anesthésiques que sur prescriptions médicales et avec des quantités limitées par un médecin. Les pharmaciens et les médecins qui ne respectent pas cette circulaire seront sanctionnés par des peines plus sévères.
Cette initiative a été prise sur la base des rapports établis par les membres d'un comité d'inspection et de contrôle composé de représentants des médecins, du ministère de la santé et de l'intérieur.
Selon le rapport de cette commission, beaucoup de faux professionnels en particulier "les charlatans dentistes", disposent dans leurs locaux de grandes quantités de produits anesthésiques dont la date de péremption est expirée. En outre, la commission a enregistré une série d'événements tragiques, subie par les citoyens, des cas de mort attribués souvent à une surdose, en raison de l'utilisation abusive de l'anesthésique par des non professionnels
Selon des médecins, avant l'intervention du ministère de l'intérieur et de la santé, la vente des produits anesthésiques se faisait directement des laboratoires médicaux à des sociétés de matériel dentaire qui les revendent directement à n'importe quel client sans restriction aucune.
Toutefois, cette nouvelle résolution du ministère de la santé, rendrait la vente des produits anesthésiques limités aux pharmacies, sur la base des prescriptions médicales , sous la demande et sur la base de quantité rationnée par médecin, des peines sévères attendent les médecins ou les pharmaciens en cas de violation des dispositions de la circulaire du ministère de la Santé, afin de couper la route devant les faux professionnels en particulier en médecine dentaire
Il est à noter que selon les dernières estimations, les illégaux déguisés en “mécaniciens dentistes”, “charlatans” ou “clandestins”, sont au nombre de 40.000 environ, 10 fois plus nombreux que les médecins dentistes autorisés . Plusieurs études et thèses ont été réalisées par les facultés de médecine dentaire de Casablanca et de Rabat sur l’exercice illégal de la médecine dentaire.
Une étude réalisée en 2012/2013 a concerné plus de 1 400 personnes interviewées dans 17 villes , Casablanca, Safi, Béni Mellal, Tiznit, Agadir, Essaouira, Tanger, Salé, Nador, El Jadida, Marrakech…. Il en ressort que :
- 56% sont des mécaniciens dentaires,
- 27% des prothésistes,
- 10% des arracheurs de dents ambulants
- 7% des barbiers.
- 50% n’est pas consciente du risque de transmission de maladies infectieuses.
- Dans 80% des cas, les personnes qui ont eu des complications des soins dentaires n’ont pas dénoncé le charlatan.
Pour la répartition selon le niveau d’études :
- 28% des interviewées sont analphabètes,
- niveau lycée (26%),
- collège (23%),
- primaire (17%) et
- niveau bac (6%).
Dans 30% des cas, la période écoulée entre la survenue de la complication et la consultation chez le médecin dentiste est d’une semaine. Le praticien illégal ne réalise aucun interrogatoire avant l’intervention dans 87% des cas.
Enfin, ils sont 38% à avoir reçu une prescription pour un anti-inflammatoire après l’extraction par un charlatan, 24% des antalgiques, 19% des antibiotiques et 19% aussi des bains de bouche.