La boulimie entre dans le cadre des addictions, elle est parfois qualifiée de toxicomanie sans drogue. Les conduites boulimiques consistent en des épisodes de compulsion alimentaire (crises), au cours desquels la personne mange une très grande quantité de nourriture de manière incontrôlée. Ensuite, elle utilise des moyens pour éliminer l’excès de calories ingérées, en se faisant vomir, en utilisant des laxatifs ou des diurétiques, en faisant de l’exercice physique ou en s’imposant des restrictions alimentaires de type anorexique. Certaines personnes peuvent combiner ces différents moyens. C’est pourquoi l’entourage de la personne concernée peut tarder à prendre conscience du phénomène. La personne souffrant de boulimie a souvent conscience du caractère pathologique de son comportement alimentaire mais a beaucoup de difficulté à en parler. Les préoccupations concernant le corps, la minceur, sont omniprésentes et obsédantes. La peur phobique de grossir est liée à une image du corps altérée.La boulimie débute souvent à l’adolescence, à la puberté. C’est un trouble qui touche essentiellement les femmes, mais les hommes peuvent également être concernés. La Boulimie se vit dans la honte, la culpabilité et le secret.
Causses
"Sur les causes de la boulimie, il y a plusieurs séries de causes. Et la proportion des différentes causes dépend de chaque personne. Il y a d'abord les causes génétiques, des facteurs de vulnérabilité tels que l'impulsivité, une vulnérabilité aussi aux addictions qui se transmet génétiquement. Il y a aussi des facteurs psychologiques individuels, personnels... Il y a souvent un manque de confiance en soi, un manque d'affirmation de soi, d'estime de soi associé à un perfectionnisme. À la fois on se sent moins bien que les autres et à la fois on voudrait faire mieux que les autres. Il s'agit donc d'un facteur favorisant.
"Il y a aussi des facteurs familiaux. La plupart du temps, on ne retrouve pas de perturbation alimentaire dans l'enfance, il n'y a pas de facteurs majeurs médicaux durant l'enfance. Enfin il y a aussi des facteurs culturels et sociétaux. Dans notre société, les femmes sont prises dans un étau entre l'idéal de minceur, il faut avoir la ligne, être svelte, musclée... et tout ce qu'on demande aux femmes. Il existe une pression sociétale sur les femmes qui doivent assurer dans tous les domaines y compris dans celui d'avoir une morphologie parfaite.
"Dans notre société, le poids de l'alimentation est également important. Il faut à la fois avoir la ligne, et à la fois nous sommes soumis à des messages alimentaires du matin jusqu'au soir partout. Notre alimentation se déstructure au fur et à mesure du temps, on mange de moins en moins assis, on prend de moins en moins le temps de manger en famille... On perd donc aussi des repères alimentaires au profit d'une alimentation de plus en plus déstructurée et certainement "boulimigène"."
Diagnostic
Le diagnostic de la boulimie est basé sur les éléments suivants:
Complications
> Des moyens dangereux d’éliminer
Après une crise, la victime se sent coupable et est prête à tout pour se débarrasser de la quantité phénoménale de calories avalées : vomissements, abus de laxatifs, pratique extrême et éreintante d’une activité sportive, période de jeûne prolongée et non contrôlée...
> Les complications physiques
Apparition de diabète lié à la surconsommation d’aliments sucrés, obésité, caries dentaires (les acides digestifs lors des vomissements répétés peuvent finir par dissoudre les dents), troubles des règles, problèmes d’œsophage, déshydratation due aux pertes importantes d'eau, carence en potassium, grande fatigue, crampes musculaires, taux élevé de cholestérol...
> Les troubles psychologiques
Des épisodes dépressifs, des envies suicidaires, un repli sur soi, des addictions, des problèmes relationnels et affectifs peuvent malheureusement résulter de ce TCA.
Evolution
L’évolution est très inégale selon les personnes présentant ce trouble.
La boulimie nerveuse peut disparaître (après 5 ans d’évolution pour la moitié des patientes), se maintenir à bas bruit, ou évoluer vers un handicap relationnel, professionnel ou scolaire.
Les rechutes sont toujours possibles et la maladie peut évoluer vers une anorexie mentale, un état dépressif ou une consommation de toxiques. Les cas les plus graves peuvent mener au décès par malaise cardiaque ou par suicide.
Après un premier avis auprès du médecin généraliste, il est important qu’un suivi avec un psychiatre puisse commencer le plus tôt possible afin de prévenir les évolutions défavorables de la maladie sur le long terme.
La consultation aux urgences n’est utile que lors de la survenue de malaises sur le plan physique.
Traitement
Il est possible de guérir d’un trouble du comportement alimentaire. Cela demande du temps et un investissement personnel important dans une démarche thérapeutique.
Il existe différentes approches thérapeutiques pour le traitement des troubles du comportement alimentaire (thérapie cognitivo-comportementale, approches corporelles, thérapie de type émotionnelle, thérapie analytique, thérapie de famille…). La thérapie peut être individuelle ou en groupe.
Le meilleur facteur de pronostic semble être la nature, la qualité, la cohérence et la durée du traitement.
Il est essentiel de trouver l’approche thérapeutique et le thérapeute qui convienne à la personne malade. Une fois que le processus thérapeutique est engagé, il est important de pouvoir le poursuivre de manière continue. Il vaut mieux éviter d’essayer toutes sortes d’approches différentes sans vraiment s’engager profondément, ce qui risque de prolonger la maladie, voire même de la renforcer.
L’approche thérapeutique de l’anorexie et de la boulimie est généralement différente ; alors que la personne qui souffre de boulimie est habituellement suivie en ambulatoire, il arrive que l’hospitalisation soit recommandée pour les personnes souffrant d’anorexie, en particulier lorsque la vie est mise en danger.
Le traitement thérapeutique visera alors dans un premier temps à permettre à la personne d’atteindre un poids qui ne mette pas sa vie en danger.
Pour la personne qui souffre de boulimie, l’objectif est de diminuer les crises.
Dans les deux cas, la thérapie permet parallèlement d’entreprendre un travail de fond visant notamment à :
> Construire et consolider l’estime de soi
> Retrouver une relation harmonieuse avec son corps
> Apprendre à régler les problèmes relationnels à la source de la maladie
Dans certains cas, l’éloignement avec la famille peut être bénéfique, à la fois pour la personne malade et pour ses proches. Ces derniers passent par des moments de difficultés et de souffrances intenses : il est important qu’ils puissent eux aussi bénéficier d’une aide et d’un soutien pour eux-mêmes.
Source : Revue des Maladies de A à Z
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